En tant que poète, j’ai réalisé un livre pauvre pour Daniel Leuwers, Arrivée de toujours, qui t’en iras partout, avec l’artiste Elisabeth Bard, collection « Rimbaud », 2021
Arrivée de toujours, qui t’en iras partout, Maud Thiria, janvier 2021
Arrivée de toujours, qui t’en iras partout
ton sang bouillonne
d’autres eaux
usées brassées où baigner
ton front pur et neuf
trop jeune pour rester
à ce point de non-retour
intersection d’un monde en ruines
et d’une terre qui fond
arrivée de toujours, qui t’en iras partout
retrouver cette eau claire
comme le sel des larmes d’enfance
avec cette même faim
irrémédiable
de terre de cailloux de galets
retournant comme un fleuve à la mer
branches de vignes enlacées
où flotter vivre
lèvres jamais désenivrées
En tant que poète et artiste, j’ai réalisé un livre pauvre pour Daniel Leuwers, Le pays de la soif, collection « Fromentin » en 2019.
le pays de la soif
au plus aride de soi
chercher l’homme qui a soif
le paysage de son vide
écrire peindre
la solitude aveuglante
du désert
sa démesure
quel langage de main choisir
de la plume ou du pinceau
à sec
pour dire l’homme
bras en l’air
implorant
un ciel muet
au centre du tableau
roche noire
bile en bloc
pétrifiée
autour le sable fin
sa brûlure en demeure
écrire peindre les dunes sourdes à ses cris
au plus aride de soi
chercher le pays de la soif
là où nulle part le regard porte
l’œil vide blanchi
le bout du monde à portée de main
mirage
au sol la chair déjà guettée
les vautours rôdent
sous le soleil de plomb et de soufre
les mots la peinture le sable la chair
un mélange d’homme et de paysage en ruines
et la fin là
tout proche
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En tant qu’artiste, j’ai réalisé quatre livres pauvres pour la collection « Jamais » d’Armand Dupuy pour Daniel Leuwers, avec les poètes Armand Dupuy, Myriam Eck et Émilien Chesnot, entre 2016 et 2018 ; et un livre pauvre avec Frédéric Fiolof pour la collection « De l’Allemagne » pour Daniel Leuwers en 2018 pour le Musée de Belfort.
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En tant que poète, j’ai réalisé un livre pauvre, Habiter le silence, avec le peintre Aaron Clarke pour la collection « Mémoires » d’Éric Coisel, en 2017 ; pour Daniel Leuwers, deux livres pauvres, Ton royaume des nuées, avec Jérôme Vinçon pour la collection « De l’Allemagne » pour le Musée de Belfort en 2018 et Dans l’éruption de la fin, avec Jérôme Vinçon pour la collection « Volcans », en 2019; trois livres pauvres avec Jean-Michel Marchetti en 2019 pour sa collection « Le champ », Tracé plat et Impression, et pour sa collection « Carte », Sur qui penche la nuit ; un livre pauvre, Stèles, avec Daphné Bitchatch pour la collection « Stèles » en 2019.
Avec le peintre Aaron Clarke
Extrait de Habiter le silence, été 2017 :
« tu remontes
dans le ressac
sans plus souffrir
ton corps
transporté dans l’onde
léger
***
et tu t’accroches
remontant la vie
ses pleins ses déliés
dans l’écriture des failles
remontant le bruit
la fureur en toi
pour habiter
léger
le silence »
Avec l’artiste Jérôme Vinçon
ton royaume des nuées
ton corps est ton pays
champ de bataille
où jour après jour tu affrontes
tes fantômes et tes nuées
ta propre ligne Maginot
fissure familiale
de résistants – soumis
de meurtriers – meurtris
quel ennemi de quelle côté de ligne
nous tous humains d’un monde en ruines ?
ton corps est ton pays
Lorraine au-delà des frontières
ta citadelle d’ancêtres incarcérés
tu vis et peines avec
avançant temps après temps
rampant morts après morts
vers un plus de clarté
même vacillante
dans la nuit et le brouillard
et partant des ombres de l’Histoire
de tes terres intimes brûlées
tu inventes ton propre royaume
terre du milieu
ta propre Lotharingie intérieure
faite de mots et de silences
croyant en l’amour malgré ce qui tombe
en une route encore possible
vers le corps de l’autre
son pays de pénombre
lui aussi troué de lumière
avançant temps après temps
rampant morts après morts
vers un plus de clarté
même vacillante
dans la nuit et le brouillard
et partant des ombres de l’Histoire
de tes terres intimes brûlées
tu inventes ton propre royaume
terre du milieu
ta propre Lotharingie intérieure
faite de mots et de silences
croyant en l’amour malgré ce qui tombe
en une route encore possible
vers le corps de l’autre
son pays de pénombre
lui aussi troué de lumière
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Dans l’éruption de la fin
la croûte s’est ouverte
nous avons trop creusé
tombe de la terre en nous
le feu a couvé sous la cendre
le désert a fait son nid
au cœur de l’homme
– qui saura retrouver la source vive
l’eau des pleurs qui s’est tarie en nous
qui de nous saura crier d’amour
sur les pierres de lave où coulent nos yeux asséchés –
la croûte s’est ouverte
nous avons trop gratté
sol et peaux en lambeaux
d’argile et d’os nous sommes
le premier dernier homme
le premier dernier cri
dans l’éruption de la fin
Avec le peintre et photographe Jean-Michel Marchetti
Avec la peintre Daphné Bitchatch
©Maud Thiria, Aaron Clarke, Jérôme Vinçon, Jean-Michel Marchetti et Daphné Bitchatch