« La poésie moderne trace un chemin d’humanité et de désintéressement et l’architecture est en quête de cette force-là, non plus comme puissance pour changer le monde, mais force de révélation, d’attachement, force du côté de l’amour. Ensemble elles diffractent la vie, l’une est visible ardent d’invisible, l’autre est parole ardente d’inouï. Ensemble elles s’adressent au présent, elles ajoutent du réel au réel et créent chaque fois plus de réalité. Mais (et là tout change) ce que fait l’architecture à la force de la matière, la poésie le fait à la force du mot, donne à voir au delà du mot : « Débaptiser le monde, / sacrifier le nom des choses / pour gagner leur présence » ajoute Juarroz. La poésie creuse cet écart entre le monde et le mot, où se trouve la place du sens, à partir duquel l’homme peut habiter. L’architecture s’en nourrit et s’y fonde. »
© Philippe Madec, Visible ardent d’invisibilité, 1999
© photo Daniel Moulinet, architecture Jérôme Vinçon
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